Le Code Civil de Napoléon, en unifiant les lois éparses, orales et coutumières, a donné à la Loi un imperium. La laïcité donne une force nouvelle au Droit qui ne vient plus de Dieu : la Loi n’est plus une Révélation mais un instrument politique par lequel les Gouvernants règlent la conduite des hommes. La Loi humaine se sépare de la Loi divine pour la supplanter.

Nous ne sommes pas historiennes. Ce propos n’est pas scientifique. Il est peut-être réducteur et mériterait certainement des nuances. Oui ! Napoléon et les rédacteurs du Code n’ont pas tout inventé. Pour autant, le Code Napoléonien fut Révolutionnaire.

Ce Code, en rassemblant des règles et en en consacrant d’autres dans ce Grand Texte (comme une Bible en fait), a fait de la Loi une Norme Générale qui n’est plus relative. Elle a pénétré nos mentalités, notre vision du monde. C’est cette vision ancrée que Codecivelle a envie de questionner.

Le Code Napoléonien a agencé la place de l’humain dans le monde et les rapports sociaux dans un sens hiérarchique [1]. L’Etat domine l’homme qui domine femmes et enfants. Les employeurs répondent des actes de leurs « préposés ». La recherche de la Responsabilité (donc, de la Faute) permet la Réparation de tout préjudice : on cherche un « bouc émissaire », logiquement, dès lors que « par son fait » « autrui » nous a causé « un dommage ». La propriété devient un droit absolu de jouir d’une chose.

Le Code civil rassemble un ensemble de règles pour garantir la paix sociale, la sécurité et la transmission des patrimoines.

Son défaut : il induit un rapport structurellement inégalitaire, victimisant et contraint. Il imprime une nouvelle vision dans un geste DESCENDANT et NORMATIF : l’Etat (l’Empereur !) fixe les règles, à chacun d’adapter ses comportements. Il a fait de la Loi une Idole : ce qui est permis est BIEN, ce qui est interdit est MAL.

Ce rapport est malheureusement ancré aujourd’hui dans nos systèmes de pensée. Un petit exemple au sujet du féminicide. Notion qui vient à peine d’être dévoilée. Saviez-vous que l’article 324 du Code Pénal de 1801 disposait qu’« En cas d’adultère, le meurtre commis par l’époux sur son épouse, ainsi que sur le complice, à l’instant où il les surprend en flagrant délit dans la maison conjugale, est excusable » ?[2] On vous jure que c’est dans le Code. Le meurtre de l’époux sur son épouse. Pas l’inverse évidemment.

Le travail de refonte est immense. Il ne peut partir que du plus profond, tant il nous imprègne.

Nous voulons interroger principalement : les relations hommes femmes – leur complexité réciproque -, le sacro-saint « consentement » –  sa pertinence et ses limites -, le couple – va-t-on vraiment plus vite seul et plus loin à deux ? -, le corps et tout ce qui le concerne – avons-nous ou sommes-nous un corps -, les relations adultes enfants – comment vivre et agir avec les enfants dans le respect dû à leur personne… et tout ce qui nous émouvra, brûlera, perturbera, traversera…

Chez Codecivelle, nous voulons que l’harmonie des rapports sociaux et la place de l’humain dans le monde se concilie avec la LIBERTE de chacun – hommes, femmes, enfants – ceci passant par un profond RESPECT et ACCEPTATION des différences, une exigence de poser un regard EGALITAIRE sur tous les êtres et de travailler notre AMOUR FRATERNEL.

Codecivelle est à la recherche d’une nouvelle vision dans un geste ASCENDANT : examinons nos comportements et dessinons les contours d’une éthique, pour chercher le Bon vers lequel tendre dans un monde complexe.

Chaque chronique devra se déployer à partir d’une expérience et non d’une idée. Nous ne voulons pas nous laisser emporter dans du verbiage manipulateur.

Codecivelle, une tribune de recherche féministe, infantiste, hoministe, amoraliste, réaliste et idéaliste.

 

[1] Le Code civil est « un corps de lois destinées à diriger et à fixer les relations de sociabilité, de famille et d’intérêt qu’ont entre eux des hommes qui appartiennent à la même cité. » (Portalis : Exposé général). Source www.napoleon.org

[2] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57837660/f58.item